Des ondes aux réseaux : Mathilde Mignon, un parcours dans les médias

26 Juil 2024
Eugène Magnaval
Interview-Mathilde-photo-magazine

Dans un monde où la croissance de l’impact des médias n’a d’égal que ses frénétiques mutations, quoi de mieux que de se plonger dans le parcours et d’écouter les précieux conseils d’une experte du domaine. Ayant rejoint l’équipe RP Digital au début du mois d’avril, j’ai vite remarqué un lien fort et particulier entre Mathilde, la fondatrice de l’agence, et le monde des médias que ce soit à travers ses références, ses anecdotes, sa culture et ses missions quotidiennes. A travers cet entretien, je vous emmène découvrir cette relation entre Mathilde et les médias, de sa chambre d’enfance aux bureaux de RP Digital.

Qui es-tu, d’où viens-tu, quel a été ton parcours scolaire ?

Je m’appelle Mathilde Mignon, je suis dirigeante de RP Digital, attachée de presse, Community Manager, enseignante, pacsée et maman de deux enfants.
Je suis née à Issy-les-Moulineaux il y a 38 ans. Après avoir habité à Boulogne-Billancourt, Chartres, Brest et Rennes, je suis de retour à Issy-les-Moulineaux. L’agence a 10 ans et nous sommes installés dans la ville de mon enfance depuis 9 ans, au plus proche des médias : beaucoup de sièges d’entreprises de médias sont en effet à deux pas. Mon compagnon est aussi dans les médias, côté technique, d’où le choix de vivre ici.
Concernant mon parcours scolaire, j’ai fait un bac L latin-grec suivi d’une prépa Sciences Po, d’une bi-licence droit public / histoire de l’art et d’un master en tourisme culturel à l’IREST-Paris 1 Panthéon-Sorbonne.

Rentrons directement dans le cœur du sujet : quel est ton souvenir le plus lointain en rapport avec les médias ?

J’ai toujours été bercée par la radio : mes parents écoutaient France Inter dans la cuisine, Europe 1 dans la salle de bain ! J’ai ce souvenir que, le soir, à partir de mes 9 ans, on parlait politique avec mon père en faisant la vaisselle.
Adolescente, j’écoutais Fun Radio, et je lisais Star Club. C’est ensuite à partir du lycée que j’ai commencé à travailler dans les médias.

Est-ce que tes parents avaient un métier lié aux médias ?

Non, ils étaient dans le social mais nos discussions en famille étaient rythmés par les infos et par la musique.

As-tu d’autres exemples d’émissions, d’articles, qui t’ont marquée dans ta jeunesse ?

J’ai parlé de la radio, mais je suis aussi de la génération télé. Je regardais beaucoup la télé et j’ai été marquée par les images de plusieurs moments historiques, comme le 11 septembre. J’étais en première, on a reçu une notification sur le téléphone, ce qui était tout nouveau. En rentrant du lycée, j’ai passé ma soirée à regarder les éditions spéciales des JT, moi qui n’avais pas le droit de regarder la télé après 20h. Ces images m’ont beaucoup marquée, notamment les scènes de liesse dans les pays du Moyen-Orient à la suite de cet évènement. J’ai commencé à m’intéresser aux enjeux géopolitiques derrière une actualité.
Ce qui m’a aussi beaucoup marqué aussi à cette époque-là, c’est Jean- Marie Le Pen au second tour. J’ai toujours regardé les soirées présidentielles et les émissions politiques, mais celle-ci avait un goût amer et n’a fait que renforcer mon intérêt pour les enjeux sociétaux.

Pour parler de la presse, as-tu des titres ?

Au lycée, je lisais beaucoup les vieux Rock&folk de mon père, mais la presse écrite, pour moi, ça a vraiment été ancré dans mon quotidien à partir de la fac.

Rentrons alors dans ton parcours académique et professionnel. Quels ont été les moments clés de ton parcours qui ont façonné ton envie de travailler dans les médias ?

En sixième, je voulais être écrivaine. En seconde, je voulais être journaliste. En prépa, je voulais être procureure. Au final, je suis attachée presse auprès de clients engagés donc on ne s’est pas trop éloigné ! Mon envie de travailler dans les médias a réellement commencé à 16 ans lorsque j’ai eu l’opportunité de piger pour La République du Centre, à Chartres. Au départ, j’accompagnais les journalistes, je prenais les notes et ensuite j’allais moi-même sur des petits événements locaux. Ce qui m’a le plus marqué, c’était d’aller au tribunal, faire des comptes-rendus d’audience et lorsque j’ai couvert un suicide dans un lieu public. J’ai aussi pu aller dans une cité pour couvrir le couscous d’une association et suivre une visite de labellisation d’un gîte et un rendez-vous avec l’association de défense du cinéma d’art et essai. C’était très varié et c’était ma première paye. L’année d’après, j’ai poursuivi à la radio. J’étais animatrice radio à Radio Grand Ciel (RGC) Les copains sortaient et moi j’étais bénévole à la radio plusieurs heures par semaine. Je co-animais une émission qui s’appelait “planète ados”. J’accueillais les invités, je trouvais les sujets, je posais les questions et mon co-animateur, Manu, gérait les musiques. Voilà mes deux premiers pas dans les médias  !

Pourquoi n’as-tu pas continué dans la voie du journalisme ?

Une fois le bac en poche, je voulais devenir avocate, procureure ou politique. J’ai été très marquée par une visite de l’Assemblée nationale avec une rencontre avec l’attachée parlementaire de ma circonscription d’Eure et Loire qui avait fait Sciences Po. Je pensais que cette école m’ouvrirait toutes les portes, c’est pour ça que je me suis engagée dans une prépa Sciences Po.

Partant de cette prépa, comment t’es-tu engagée dans les relations publiques et la communication digitale ?

Mon année de prépa ne m’a pas plu et une amie m’a conseillé le bi-deug en droit-histoire de l’art à la Sorbonne, ce qui correspondait bien à mes centres d’intérêt, peut- être contradictoires, entre le droit, la politique et la culture. Je me suis alors éloignée des médias, tout en en consommant toujours beaucoup. Je lisais beaucoup de presse écrite quotidienne à cette époque, comme le Monde et le Figaro qui l’Université nous mettait à disposition..
J’ai retrouvé le lien avec les médias quelques années plus tard, en découvrant le métier d’attachée de presse lors de mon premier emploi au musée national de la Marine à Paris. Je n’étais pas chargée de communication, mais du développement des publics. J’étais par exemple l’interlocutrice des maisons d’édition des guides touristiques. J’ai travaillé en étroite collaboration et beaucoup observé, pendant deux ans, ma collègue attachée de presse. Je pense qu’il y a un côté autodidacte dans mon parcours : je n’ai pas fait d’études de communication, mais j’ai énormément appris en observant et en m’informant en solo. J’incite toujours mes étudiants et collaborateurs à prendre le temps d’observer et de poser des questions. Je suis ensuite partie en tour du monde pendant un an. A mon retour, j’étais assistante RP et Communication Digitale dans une agence de communication en tourisme international.

Pour la communication digitale, ma première expérience remonte à 2010, lorsque j’ai géré ma première page Facebook pour le musée de la Marine de Toulon. Je gère des réseaux sociaux depuis maintenant 14 ans, tandis que mon premier communiqué de presse était trois ans plus tard, en 2013, pour l’office de tourisme de Singapour en France et Le Routard.com.

Parlons maintenant de RP Digital. As-tu une anecdote liée à RP Digital qui illustre ton engagement de longue date dans les médias ?

J’ai une anecdote à la radio, mais qui n’illustre pas forcément mon engagement (rires). J’avais reçu un groupe de musique et ils m’ont offert le CD en arrivant. J’étais hyper gênée par ce cadeau. C’est là que j’ai compris que je n’avais pas encore les codes et qu’il allait falloir très vite observer pour les apprendre.

Concernant mon engagement, je pense que je ne me contente pas de juste faire mon métier qui est de faire le lien entre marques et journalistes.

Je m’interroge au quotidien sur son sens. Il y a quelques mois, j’étais avec Elisa au festival “Médias en Seine”, au siège des Echos et à Radio France, qui s’interroge sur le rôle des médias dans nos démocraties.

Je m’interroge beaucoup sur les rôles des médias, des journalistes, mais aussi sur notre rôle et notre responsabilité en tant qu’attachés de presse.

Comment est-ce que tu ressens l’évolution des médias traditionnels par rapport aux nouveaux médias ?

Il y a plusieurs façons de voir les choses. A titre personnel, je consomme beaucoup de médias traditionnels : je lis et j’achète plusieurs fois par semaine un journal ou un magazine. En ce moment je lis le hors- série Télérama sur “Penser le bonheur”. J’écoute toujours beaucoup la radio : France Info, France Inter et AirZen Radio. Je consomme aussi des nouveaux médias en m’information via les réseaux sociaux et podcast, par exemple je ne manque pas un épisode de Louise Aubéry (InPower Podcast).

A titre d’enseignante, je vois bien qu’il y a une désaffection des médias traditionnels par les jeunes. La nouvelle génération, et ce n’est pas un jugement mais un constat, est presque incapable de citer un titre de presse écrite. Ils s’informent en revanche via les réseaux sociaux. Le média qui revient le plus, c’est Hugo Décrypte. C’est très bien, mais je prône la pluralité des sources d’information. Dans tous mes cours, j’amène de la presse écrite, dans mes bibliographies je recommande des émissions de radio, des documentaires télé, des émissions de télé mais aussi des podcasts et des comptes Réseaux Sociaux. J’ai l’habitude de démarrer chacun de mes cours par une revue de presse des actualités dans le domaine de mon cours. Ça peut être sur le tourisme sportif ou sur la communication des institutions culturelles. Et depuis cette année, je demande aux étudiants de faire cette revue de presse. Ça les oblige à s’informer, via diverses sources médiatiques sur le sujet, à recueillir différents points de vue pour pouvoir ensuite se forger leur propre opinion.

En tant qu’attachée de presse, ce que je constate c’est qu’un passage télé a toujours un énorme impact. Ça m’avait marquée dans mes cours de tourisme la directrice de l’office de tourisme de Croatie nous avait raconté qu’en un seul passage télé dans un documentaire grand public, la Croatie était passée de pays en guerre à pays tendance dans le tourisme. Je constate aussi une évolution importante de la PQR. Pour y avoir travaillé quand j’étais jeune, je trouve qu’on y trouve beaucoup plus de sujets de fond. Ouest France, par exemple, s’intéresse beaucoup au journalisme de solution. Je trouve aussi que la presse féminine s’adapte très bien en s’emparant des réseaux sociaux et en ayant des cellules d’investigation de grande qualité, je pense par exemple à ELLE et Marie Claire. La presse traditionnelle n’est pas morte, mais doit s’adapter.

Pour finir, aurais-tu des conseils pour les professionnels de ton domaine pour améliorer leur présence médiatique et leur impact ?

La première chose, c’est de bien connaître sa cible. pour identifier les médias à privilégier. . Il faut donc à la fois bien connaître les produits et services de nos clients et bien connaître les médias, avoir une vue d’ensemble.
La deuxième chose, c’est de bien réfléchir au message qu’on veut faire passer ainsi qu’au sujet que l’on souhaite aborder. Il faut vérifier que ce dernier est médiatique. Un sujet qui est majeur en interne, par exemple un tour opérateur qui lance une nouvelle destination, n’est pas toujours un sujet médiatique : ça ne va pas forcément intéresser les médias et leurs lecteurs. C’est important de bien définir les messages à donner. C’est là qu’on a besoin d’un attaché de presse qui a du recul et qui dira avec honnêteté ce qui a un intérêt médiatique ou non.
Le dernier conseil est donc de s’entourer d’un.e attaché de presse pour bénéficier de son expertise, de ses conseils sur les médias à cibler et les messages à transmettre, sur la façon de le faire et aussi pour bénéficier de son portefeuille de journalistes.

Propos recueillis par Eugène Magnaval


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